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Un voyage à travers les siècles de la riche histoire de l'Arménie
Le territoire arménien est habité depuis la Préhistoire. Au IXe siècle av. J.-C., le royaume d'Ourartou (ou Urartu) s'établit autour du lac de Van, avec une civilisation avancée maîtrisant l'irrigation, l'architecture et le travail du métal. Le royaume d'Ourartou fut un État puissant qui résista aux Assyriens avant de décliner au VIe siècle av. J.-C.
Les Ourartéens construisirent des forteresses impressionnantes, développèrent un système d'écriture et créèrent un réseau de canaux d'irrigation sophistiqué.
Après la chute d'Ourartou, l'Arménie devient une satrapie (province) de l'Empire perse achéménide. À la suite des conquêtes d'Alexandre le Grand, elle passe sous influence hellénistique avec les royaumes séleucides.
Cette période voit l'introduction de la culture grecque tout en maintenant les traditions locales. L'Arménie devient un carrefour culturel entre l'Orient et l'Occident.
En 190 av. J.-C., Artaxias Ier fonde le royaume d'Arménie et établit la dynastie artaxiade. Sous Tigrane II le Grand (95-55 av. J.-C.), l'Arménie atteint son apogée territorial, s'étendant de la mer Caspienne à la Méditerranée.
Tigrane le Grand fonde Tigranocerte, la nouvelle capitale, et l'Arménie devient un empire puissant qui rivalise avec Rome et les Parthes, avant de devenir un État tampon entre les deux puissances.
En 12 ap. J.-C., Vononès Ier établit la dynastie arsacide en Arménie, branche cadette des Arsacides parthes. Cette période est marquée par l'adoption du christianisme comme religion d'État en 301 par le roi Tiridate IV, faisant de l'Arménie la première nation officiellement chrétienne.
Saint Grégoire l'Illuminateur joue un rôle crucial dans la christianisation. En 405, Mesrop Machtots invente l'alphabet arménien, permettant la traduction de la Bible et le développement d'une littérature nationale.
Après l'abolition du royaume en 428, l'Arménie est divisée entre les empires byzantin et sassanide. La partie perse devient le "Marzpanat d'Arménie" (428-646), avec un gouverneur (marzpan) perse mais une certaine autonomie.
À partir du VIIe siècle, les Arabes conquièrent la région, établissant l'émirat d'Arménie. Cette période voit la résistance arménienne pour préserver leur foi chrétienne face à la domination musulmane, avec des révoltes comme celle de 774-775.
Achot Ier Bagratouni rétablit le royaume d'Arménie en 885, reconnu à la fois par le calife et l'empereur byzantin. La dynastie bagratide connaît son apogée sous Gagik Ier (989-1020).
Ani, "la ville aux 1001 églises", devient la capitale et un centre culturel et commercial important. Cette renaissance arménienne voit un essor de l'architecture, de la littérature et des sciences. Le royaume s'affaiblit par les divisions internes et les pressions byzantines avant de tomber en 1045.
Suite à l'invasion seldjoukide et la chute du royaume bagratide, de nombreux Arméniens migrent en Cilicie (sud de l'Anatolie) où ils fondent un nouvel État. Le royaume arménien de Cilicie est établi en 1198 sous Léon II, reconnu par le pape et l'empereur germanique.
Allié aux croisés, ce royaume maritime devient un centre commercial important entre l'Europe et l'Orient. Il tombe finalement face aux Mamelouks en 1375, mettant fin au dernier État arménien indépendant pendant des siècles.
L'Arménie est divisée entre l'Empire ottoman (Arménie occidentale) et l'Empire perse séfévide puis kadjar (Arménie orientale). Les Arméniens maintiennent leur identité culturelle et religieuse malgré le statut de "dhimmis" (protégés) dans l'Empire ottoman.
Cette période voit l'émergence d'une bourgeoisie arménienne influente dans les villes ottomanes, tandis qu'en Arménie orientale, le mouvement de libération nationale commence à se développer à la fin du XIXe siècle.
En 1915, le gouvernement Jeunes-Turcs de l'Empire ottoman organise le génocide des Arméniens, entraînant la mort d'environ 1,5 million de personnes et l'exil des survivants. Ce crime contre l'humanité est reconnu par de nombreux pays et historiens.
Malgré cette tragédie, les Arméniens de l'Est proclament la Première République d'Arménie le 28 mai 1918, après les batailles victorieuses de Sardarapat, Bash Abaran et Karakilisa contre les forces ottomanes.
En 1920, l'Arménie est soviétisée et devient une république de l'URSS. Cette période est marquée par une modernisation rapide mais aussi par la répression stalinienne et la perte de l'autonomie religieuse.
Le séisme de 1988 à Spitak fait 25 000 morts et détruit de nombreuses villes. Le mouvement du Haut-Karabagh à la fin des années 1980 devient un catalyseur pour le mouvement indépendantiste qui aboutit à la proclamation de l'indépendance en 1991.
L'Arménie proclame son indépendance le 21 septembre 1991 après l'effondrement de l'URSS. Le pays fait face à de nombreux défis : guerre du Haut-Karabagh, blocus économique, transition difficile vers l'économie de marché.
Malgré ces difficultés, l'Arménie développe sa démocratie, préserve sa riche culture et renforce ses liens avec la diaspora arménienne mondiale. Aujourd'hui, l'Arménie continue de faire face à des défis géopolitiques tout en préservant son identité unique vieille de plusieurs millénaires.
Extension maximale du Royaume d'Arménie sous Tigrane le Grand (Ier siècle av. J.-C.)
Personnages clés qui ont marqué l'histoire de l'Arménie
Roi d'Arménie (95-55 av. J.-C.) qui porta le royaume à son apogée territorial
Évangélisateur de l'Arménie, premier catholicos (241-325)
Créateur de l'alphabet arménien (361-440)
Historien, auteur de l'Histoire de l'Arménie (Ve siècle)
Héros national, commandant militaire et philosophe (1886-1955)